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Le quai de la gare

27 septembre 2007

drifting apart

Entre les rails désertés par ton train parti depuis deux semaines, il y a du vide. Vide qui commence à remplir notre histoire: on n'a plus le temps, on ne se voit plus, on ne se parle plus. Plus que quelques échanges téléphoniques pleins de blancs interminables, où j'ai un peu 'l'impression, malgré ce que tu dis, de te déranger. Nos communications ne communiquent rien, les silences m'empêchent de plus en plus de te parler.

Je ne sais pas te dire mon inquiétude, et la période n'y est pas propice. Toi, tu essayes de venir, j'essaye de t'attirer, c'est vrai. Nos humeurs sont fonctions des trouvailles du jour: réponse à une candidatures, information sur les postes vacants. Je réfléchis. Ca n'est pas réellement un sacrifice pour toi, puisque tu voulais quitter ta ville depuis longtemps déjà. Ca t'oblige tout de même à en changer pour la mienne, là, maintenant.

Mais après? Mes perspectives de carrières sont dangereusement réduites par mon absence de mobilité, si nous parvenons à nous installer ici. Que faire s'il n'y a aucun poste? Une année de lycée, encore? Et où va-t-on me muter?

On ne peut pas se pacser pour le moment, or si tu viens, je risque d'être envoyée loin, sans ces points essentiels. Mais si tu ne viens pas, tiendrais-je l'année complète, sans toi?

J'en viens à me demander si notre histoire y survivrait: un an de séparation, ça n'est pas grand chose au regard d'autres situations, nous ne sommes séparés (que) par 300km. Oui, mais. Et après? et ces vides qui se répandent, vont-ils grignoter nos sentiments, laisser la place à une sorte de résignation, d'appel de la simplicité, car n'est ce pas plus simple après tout, de laisser tomber, de vivre sa vie?

Ou encore, si on s'installe, loin, ensemble, il s'agira d'un test que nous n'avons pas encore passé, la vie commune, jour après jour, au lieu d'un pointillé de week ends quasi parfaits en apparence?

Demain soir, je serai sur le quai de la gare. J'ai peur à cette idée, peur que tout ceci ne soit qu'une illusion. Si finalement je ne ressens rien, si nous n'arrivons plus à remplir les vides? Je crois t'aimer, parce que j'ai mal d'être sans toi. Est-ce toi qui me manque, ou est-ce l'existence éphémère, quand tu es là, d'un "nous", d'un avenir, de projets, de sécurité?

Dans 24h, précises, je serai sur le quai de gare.

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21 septembre 2007

Le quai de gare

On y revient toujours, parce que tu repars à chaque fois.

Le quai de la gare. Cet endroit vacant où tous nos jours partent en fumée, tous nos rêves se mettent dans des valises, jusqu'à la prochaine fois. On empaquète nos espoirs, on les pousse au fond du sac, parce que sinon ils font trop mal.

On se sourit et on est maladroit, on n'a pas envie d'un adieu déchirant. Il faut partir alors, maintenant, on n'y coupera pas. Je m'enfuis dès que tu monte le marchepied. Je risquerais de me précipiter à ta suite.

Je ne regarde pas le train partir, je ne te fais pas de signe de la main. Invariablement j'ai envie de pleurer.

Je reprend ma voiture, je roule, j'aimerais rouler des heures pour être seule avec moi même et ne pas me retrouver nez à nez avec tous ces gens, toutes ces familles, tous ces autres. Je pense trop et je ne pense plus à rien, à rien d'autre que toi, toujours.

Je retrouve ma chambre vide, ma maison vide, ma vie drainée de tout son sens. Tout est au ralenti. Je grommelle, je suis infecte avec le reste du monde. C'est injuste. Mais c'est comme ça: ils ne sont pas toi.

Il n'y a plus rien d'autre dans ma tête que ce vide que tu laisses derrière toi à chaque visite. Le vide sur mon agenda: à quand la prochaine? Je tourne en rond. Le vide de la voie ferrée, tous ces trains qui ne te ramènent pas.

Le vide du quai de gare, quand tu ne descends pas.

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Le quai de la gare
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